DEFAO VU AUTREMENT 

A quelques jours du rapatriement de la dépouille mortelle à Kinshasa de l’artiste chanteur Matumona Lulendo Defao, prévu pour le 04 janvier 2022, après qu'il ait trouvé la mort dans des circonstances méticuleuse au Cameroun, nous avons tenu à présenter sur quelques lignes l'artiste sous une autre dimension avec plusieurs casquettes à la fois méjugé ou adulé. Les avis restent partagés.

 

UN EXEMPLAIRE 

 

Toute sa vie, Defao Matumona était non conflictuel, à en croire ses collègues artistes. Alors que la musique congolaise reste caractérisée par des polémiques qui engendrent des insultes, dénigrement, bref les maux qui en suivent pour exprimer la grandeur d'un artiste en lieu et place du savoir faire. « ôtes-toi de là que m’y mette! »,sous-estimer les collègues , mensonges, exploiter ses musiciens pour ses propres fins,bref se comporter en "seigneur tout puissant". Defao, par contre ne s’est fait connaître que par son talent. Nous sommes en 1979 où il est  recruté dans l’équipe de Grand Zaiko par Manuaku, le guitariste leader du groupe. Tout de suite, il se met en exergue par sa façon de danser avant qu’on le découvre en chant lead. Le morceau « Pamu » dans lequel chaque chanteur avait un vocal en est la meilleure illustration.

Par ailleurs, il reste un exemple pour la musique congolaise par sa discographie. Defao serait parmi les rares artistes qui n’ont pas trempé dans la bêtise. On ne trouve aucune trace d’obscenité dans ses chansons. Et pourtant le succès il y ait. Qui a dit que le succès rime avec la grossièreté ?

 

STAR DE LEADERS 

Cela va s’en dire car l’artiste a su manipuler son art. Defao Matumona a incarné  la rumba dans toutes ses dimensions. Par sa façon de danser et chanter sans oublier l’apparence extérieure, un accoutrement extravagant en alliant l’élégance au ringardise. L’on se demande s’il avait un styliste propre à lui. Parmi sa source d’approvisionnement en tenue vestimentaire, on se rappellera d’un certain « des affaires », un nom qui a circulé  vers les années de gloire de l’artiste. Defao à lui seul il faisait le spectacle. Mais il n’a pas hésité à se faire entourer par des musiciens de talent, ceux dont en tout cas l’on remarque la transmission de son savoir-faire dans leurs œuvres. Montana Kamenga, Kabose ou Girbo Ntunta…pour ne citer que ceux là. Même étant devenus leaders chacun avec son orchestre, ces artistes cités ci haut étaient tous sous les mamelles du Général. A l’extérieur de Kinshasa, la capitale de la rumba, ses anciens musiciens étaient tout le temps sollicité pour des prestations avec lui au Kenya ou ailleurs , oubliant ainsi leur euphorie de maestro. Malgré qu’ils ont pris du galons mais Ils se faisaient petit devant le général. De son retour au pays vingt ans après un exil imposé par lui-même d’après ses propos contrairement aux rumeurs autour de l’ancien chef d’état congolais Joseph Kabila, ils ont multiplié les productions comme à l’époque de son Big Stars, jusque récemment avant son décès au retour d’un concert de la côte d’ivoire en novembre dernier avec quelques uns de ses fidèles musiciens.

 

UN SDF À VIE

Contrairement à son origine bantou, caractérisée par le sédentarisme, Matumona Defao à vécu nomades. Il n’a jamais eu des résidences officielles fixes comme cela est de coutume aux mœurs des célébrités congolaises. A l’apogée du succès en 1996, il a établi son quartier général à Ngiri Ngiri, alors que ses concurrents se tapaient des villas à Binza MaCampagne, à Gombe ou dans la commune de Bandalungwa. L’on se souviendra de l’Hôtel « Dépôt » qui était devenu sa référence à Kinshasa ou «  Balladin » à Pantin en France. Un repère pour localiser le Général vers les années 2000. Cette attitude constamment à résider dans des hôtels a été  considéré au départ comme du style, de la frime jusqu’à ce qu’il y ait spéculation dans l’opinion. La bonne ou l’unique explication, c’est lui seul qui l’emportera dans sa tombe. Car le 27 décembre 2021, la mort l’a surpris dans une chambre d’hôtel. Triste réalité ou ironie du sort ? En tout cas le général est resté unique en son genre. Car il n’a laissé ni veuve et ni enfant.

Doudou Nkunku 

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